Fritillaire Pintade

Fritillaire pintade, sur la liste rouge des espèces menacées

Fleur de la famille des liliacées (qui renferme les lys notamment), la fritillaire pintade doit son nom aux damiers ornant ses pétales et rappelant curieusement le plumage de ces oiseaux.

Figurant aujourd’hui sur la liste rouge des espèces menacées, elle était autrefois très présente dans les zones de prairies inondables à proximité des cours d’eau. En effet, pour son développement elle a besoin d’un sol détrempé durant la période allant de mars à mai soit lorsque la plante fleurit et produit ses graines.

La canalisation des cours d’eau ainsi que les systèmes de drainage ne permettent plus l’inondation temporaire des prairies alluviales adjacentes ce qui pourrait expliquer la raréfaction de cette plante. Au niveau des pratiques agricoles, une fauche trop précoce ne permettant plus à la plante de réaliser son cycle ou encore un apport excessif d’engrais serait également des facteurs péjorant…

Dans le canton, la prairie des Goudebas située sur la commune des Brenets rassemble 80% des effectifs de fritillaires en Suisse. D’ailleurs, cette plante portait autrefois le nom de Tulipe de Goudeba.

Au Val-de-Ruz, les Prés Maréchaux, situés le long du Seyon, en contrebas du village d’Engollon, sont un des sites où il est possible de la rencontrer. Provenant probablement d’une introduction à la fin du 19ème et début 20ème siècle de quelques plants issus des Goudebas par des naturalistes passionnés, les quelques individus qui demeurent encore aujourd’hui bénéficient de mesures afin de pérenniser ce site.

  • Milieu où elle se développe : prairie inondable proche des cours d’eau ; sol détrempé entre mars et mai
  • Menace : Un excès d’engrais, une fauche précoce, la quantité d’eau apportée par les cours d’eau qui ne doit être ni trop faible, ni trop importante, et la cueillette
  • Mesures : revitalisation du cours d’eau permettant de remonter la nappe phréatique afin que les bulbes puissent être dans un sol détrempé lors de la phase de floraison, retarder la fauche, rehaussement de la nappe
  • Ethnobotanique : elle était autrefois cultivée pour ses vertus médicinales et était utilisée en tant que diurétique ainsi que pour faire disparaître les inflammations et pour permettre un relâchement des muscles (résolutive et émolliente)

Les individus recensés aux Prés Maréchaux proviennent apparemment d’une introduction (ou d’une réintroduction ; nous ne disposons toutefois pas de preuves que cette plante était effectivement présente sur ce site auparavant) par des naturalistes, il y a environ un siècle de cela. Il s’agit donc d’une population artificielle qui n’est présente que grâce à l’intervention humaine. Malgré son statut de population artificielle, cette population devrait-elle malgré tout faire l’objet de mesures de sauvegarde ? De manière générale les mesures prises visent à redonner à l’écosystème un fonctionnement proche du naturel et favorisent par là même cette espèce. De même, au fil des décennies, sa présence a pris une valeur symbolique et patrimoniale importante pour la population vaudruzienne, ce qui constitue un argument supplémentaire justifiant sa préservation.