L’azuré des paluds

L’azuré des paluds – un papillon emblématique du district :

L’Azuré des paluds est un petit papillon discret, ô combien emblématique de certains milieux humides. Sa raréfaction est un excellent reflet de la disparition de son habitat et a été d’ailleurs à la base de la réflexion menée dans le cadre de l’EcoRéseau Val-de-Ruz.

En effet, il est strictement inféodé à sa plante hôte, la Grande Primprenelle ou sanguisorbe officinale (Sanguisorba officinalis), ce qui signifie que ses populations ne peuvent se maintenir en l’absence de celle-ci. Cette plante se développe dans les prairies humides qui ont eu tendance à disparaître en raison des drainages effectués au cours du 19ème siècle. En outre, les exigences du papillon ne s’arrêtent pas là. En effet, sa chenille doit être adoptée par une fourmi de l’espèce Myrmica rubra ou fourmi rouge afin de pouvoir se développer et se transformer en papillon. La fourmi, elle sera sensible aux labours et à l’épandage d’insecticides. Ainsi, toute disparition soit de la grande pimprenelle soit de la fourmi rouge sur un site conduit irrévocablement à la disparition de l’Azuré des paluds.

Au Val-de-Ruz, différentes mesures ont été mises en place dans le cadre de l’EcoRéseau afin de sauvegarder les dernières populations d’Azurés. La plupart des stations sont situées soit directement dans la végétation riveraine des petits cours d’eau (ruisseaux, collecteurs de drainage), soit en périphérie immédiate (zones de captage de sources, zones de suintement). Ainsi la mise en place de prairies extensives et de zones tampons à proximité de ces stations. La fauche doit aussi être adaptée au cycle du papillon, soit avant la floraison de la Sanguisorbe soit tardivement, à la fin du cycle du papillon. Le papillon est plutôt sédentaire, dès lors il est toujours difficile pour lui de coloniser de nouvelles stations, d’où l’intérêt de multiplier au maximum les sites dans lesquels il pourrait se développer et de les mettre en réseau.

Cycle de vie

L’azuré des paluds est une espèce monovoltine ce qui signifie qu’elle ne fait qu’une seule génération par an. Les premières émergences ont lieu vers fin juin/début juillet. Le papillon une fois adulte ne vit que 7 à 10 jours et donc n’a pas de temps à perdre. La reproduction et la ponte ont lieu quelques heures après que l’insecte est sorti de son cocon. La femelle insère ses œufs dans les fleurs de sanguisorbe. Trois semaines après son éclosion, la chenille se laisse tomber au sol. Si une fourmi quelconque passe par là, la larve sans défense se fait dévorer. Si, par contre, une fourmi rouge (Myrmica rubra) la découvre, elle est emportée dans la fourmilière. En effet, la larve produit une sécrétion attractive, sucrée et riche en acides aminés que cette fourmi apprécie particulièrement. La chenille accomplit sa croissance tout en se nourrissant, à l’insu des ouvrières, de couvains. La chenille hiverne et poursuit son développement jusqu’à l’année suivante dans la fourmilière. Chaque chenille dévore 600 larves de fourmis lors de son « séjour ». Dans ces conditions, une fourmilière ne peut accueillir qu’un nombre réduit de chenilles. Après la métamorphose, l’adulte quitte la fourmilière. La période de vol des adultes se termine fin août ou début septembre.