Pourquoi au Val-de-Ruz ? Un des déclics qui a amorcé la mise en place d’un réseau écologique au Val-de-Ruz a été l’azuré des paluds. Ce petit papillon discret a en effet vu ses populations quasiment disparaître dans notre région. Il était donc nécessaire d’agir.
Dans le district, le Seyon et ses abords jouent un rôle essentiel d’un point de vue paysager, mais également au niveau écologique. C’est majoritairement le long de ce cours d’eau et de ses affluents que se trouvent les milieux naturels et semi-naturels de la vallée. Voie privilégiée de déplacement pour les populations animales, le réseau hydrographique représente une véritable autoroute. En ce sens il constitue la colonne vertébrale du projet. EcoRéseaux Val-de-Ruz a pour objectif de renforcer le réseau écologique existant, articulé autour du réseau hydrographique (Seyon et affluents) et des milieux naturels associés (berges boisées, zones de protection de captage, suintements, pâturages maigres, etc.). Il contribue également à la préservation de la qualité des eaux, en limitant les écoulements d’origine agricole (fertilisants et phytosanitaires) par la mise en place de surfaces exploitées extensivement sur les berges des cours d’eau.
Ce projet est né d’une volonté politique de dépasser les habituels blocages entre protecteurs de la nature et agriculteurs et symbolise le fruit d’une collaboration fructueuse entre les différents milieux concernés. Initié en 1997 sous l’impulsion du CSCF (Centre Suisse de cartographie de la faune) en partenariat avec les associations de protection de la nature et les services concernés, le projet reçoit ses premiers versements de contributions réseau en 2001. Parmi les premières régions à mettre en place une telle réflexion, le Val-de-Ruz fait office de pionnier en la matière. Outre la préservation de l’azuré des paluds, le projet de réseau vise également d’autres populations de papillons diurnes liés aux prairies de fauche ainsi que les oiseaux qui nichent dans les haies ou des mammifères tels que lièvres ou hermines
En 2014 l’association EcoRéseau et Paysages Val-de-Ruz est créée ; elle assure désormais le financement et la gestion du projet avec l’aide de mandataires.
Actuellement, 80 exploitations font partie du réseau (sur 100 exploitations). C’est donc environ 375 ha (530 terrains de foot) de SPB (10 % de la SAU) bénéficient d’un total de CHF 253’000.- de contributions réseau en 2015.
Quelques exemples de mesures :
Favoriser les espèces liées aux prairies maigres humides ou sèches
- Fauche tardive sur 10% de la surface, sans conditionneur ou sans ensilage
- Contribution réseau max. de 1’000.-/ha
Favoriser les espèces liées aux haies diversifiées
- Entretien adapté: haies étagées, diversifiées, riches en buissons épineux et à petits fruits ; nouvelles plantations
- Contribution réseau de 1’000.-/ha
Après bientôt 15 ans de mise en place, l’EcoRéseau Val-de-Ruz a porté ses fruits. Ainsi, la diversité des espèces de papillons de jour a augmenté en lien avec l’amaigrissement des prairies. En effet, plus le sol est pauvre et plus il est possible de trouver des espèces de plantes différentes, ce qui favorise par corollaire plus d’animaux différents. Cependant, il est nécessaire que ces surfaces soient interconnectées afin que les animaux puissent se déplacer et que les plantes via les graines puissent s’y établir.
Enjeux pour la suite…
Il s’agit d’un excellent outil pour la conservation des espèces, en synergie avec d’autres approches conventionnelles telles que les réserves naturelles … Basé sur une approche volontaire et incitative, ce programme est plutôt bien accepté et grâce aux conseils personnalisés, il s’adapte au cas par cas pour un impact plus efficace. Mais il faut pour cela de la patience pour que les effets puissent être visibles. C’est pour cette raison que de telles mesures doivent être ancrées dans une politique d’aménagement du territoire sur les 3 échelons (communal, cantonal et fédéral) et doivent être coordonnées sur une échelle globale sur l’ensemble du territoire en incluant les cantons limitrophes et la France.
